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Nidaa Tounes entre l'espoir et les rumeurs

  • Nidaa Tounes entre l'espoir et les rumeurs

Ghalia Ben Brahim
La crise que vit le mouvement Nidaa Tounes n’est plus un secret pour personne. En effet, depuis l’ascension du mouvement au pouvoir, ses dirigeants ne cessent de s’auto-déchirer en plein public.
La dernière crise en vue avait divisé le mouvement sur deux clans; un clan qui se veut ‘réformiste’, guidé par Hafedh Caïd Essebsi, et un clan ‘conservateur’, dirigé par le comité constitutif du mouvement. La tempête avait empiré au moment où l’homme d’affaires le plus suspect de Tunisie, en l’occurrence Chafik Jarraya, y avait fait son apparition. Les accusations étaient alors tombées de partout. Le camp réformiste était arrivé au point de réclamer au comité constitutif de s’auto-dissoudre. Une requête qui a été fortement dénoncée par les dirigeants du Nidaa qui avaient expliqué que si jamais le comité constitutif venait à se dissoudre, le mouvement n’existerait plus, du moins, sur le plan légal.
En annonçant la tenue de l’élection du bureau politique, les tensions s’étaient un peu apaisées surtout que le comité constitutif avait pris la décision d’élargir la formation de ce dernier: le bureau politique est formé des quatorze membres du comité constitutif, dix membres du bureau exécutif et dix membres du bloc parlementaire.
L’élection a eu enfin eu lieu dimanche 22 mars 2015. Tous les dirigeants du mouvement ont procédé au vote qui a donné les résultats suivants: Olfa Khalil, Rabiaa Najlaoui, Amina Gaddour, Abdelmajid Sahraoui, Aziza Htira, Faiza Kefi, Faouzi Elloumi, Najoua Makhlouf ,Mounir Ben Miled, Faycel Hefiane du bureau exécutif et Zohra Idriss, Walid Jalled, Mondher Belhadj Ali, Mustapha Ben Ahmed, Leila Hamrouni, Bochra Belhadj Hmida, Slaheddine Bargaoui, Hajer Aroui, Myriam Boujbal et Leila Awled Ali du bloc parlementaire.
Des résultats plutôt prévisibles et relativement rassurant. Les syndicalistes, les femmes et activistes de Gauche y sont bien représentés. Mais, hélas, ces résultats n’ont pas satisfait tout le monde. Rien qu’au cours de la séance de l’élection, des bruits avaient commencé à circuler indiquant que des dirigeants commençaient déjà à quitter la salle et à retirer leur candidature. Au lendemain de la formation du bureau politique, les rumeurs ont empiré et les bruits commençaient à parler d’un nouveau parti qui serait fondé par le fils du président de la République. Le Nouvel Appel de la Tunisie, tel a été le nom répété des dizaines de fois lors des différentes plateaux de ce lundi 23 mars 2015.
Même si aucun dirigeant n’a réussi à confirmer ou à démentir l’information, la tension s’est, encore une fois, ressentie au sein des rangs internes du mouvement. De ceux qui défendent sévèrement la légitimité du nouveau bureau à ceux qui exigent que ces élections soient annulées ou reportées ‘vu la situation sécuritaire du pays’.
Nidaa Tounes a perdu la seule figure qui pouvait rassembler sans grande difficulté. A son départ pour le palais de Carthage, Béji Caïd Essebsi a laissé un mouvement dont toutes les structures ont été composées selon le consensus de l’époque, un consensus qui n’est plus au jour d’aujourd’hui. De ce fait, le seul espoir pour ce mouvement sera son congrès national, prévu pour le mois de juin 2015.

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