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Le microbiote intestinal, souvent qualifié de « second cerveau », joue un rôle crucial dans le maintien de notre santé mentale. Une nouvelle étude américaine révèle qu’une alimentation riche en graisses peut intensifier le stress et l’anxiété en endommageant ce microbiote.
Des chercheurs de l’Université du Colorado à Boulder ont démontré qu’une alimentation riche en graisses altère les bactéries intestinales, modifie le comportement, et influence les substances chimiques du cerveau, contribuant ainsi à l’anxiété. Publiée le 6 mai 2024 dans *Biological Research*, cette étude montre que chez les animaux, un régime riche en graisses perturbe les bactéries intestinales, modifie les comportements, et affecte les substances chimiques cérébrales via une connexion complexe entre l’intestin et le cerveau.
Un Microbiote Fragilisé par les Graisses
Les aliments riches en graisses comme les pâtisseries, charcuteries, chips et burgers sont souvent consommés en période de stress ou de petites fringales. Toutefois, ces aliments nuisent à la diversité et à la composition des bactéries intestinales. Après neuf semaines de régime riche en graisses, les scientifiques ont observé une altération de la diversité microbienne et de la communauté bactérienne intestinale, compromettant ainsi la barrière muqueuse de l’intestin. Cela permet aux bactéries de pénétrer dans la circulation sanguine et de communiquer avec le cerveau via le nerf vague, reliant ainsi le tractus gastro-intestinal au cerveau.
« Bien que nous sachions que ces aliments ne sont pas sains, nous les associons souvent uniquement à la prise de poids. Comprendre qu’ils impactent également le cerveau et favorisent l’anxiété élargit la portée de leurs effets néfastes », explique Christopher Lowry, professeur de physiologie et auteur principal de l’étude.
Aliments Gras et Anxiété
Les animaux ayant suivi un régime riche en graisses présentaient une expression accrue des gènes tph2, htr1a et slc6a4, impliqués dans la production et la signalisation de la sérotonine, notamment dans le noyau du raphé dorsal (cDRD) du tronc cérébral, une région associée au stress et à l’anxiété. Bien que la sérotonine soit souvent appelée « hormone du bonheur », certains neurones à sérotonine, lorsqu’ils sont activés, peuvent provoquer des réactions anxieuses.
Ainsi, les aliments censés nous réconforter aggravent en réalité notre santé mentale en influençant l’axe intestin-cerveau via le nerf vague. « Il est surprenant de constater qu’un régime riche en graisses peut modifier l’expression génétique dans le cerveau, donnant au groupe soumis à ce régime une signature moléculaire d’anxiété élevée. Cela peut être interprété comme une adaptation évolutive humaine nous poussant à éviter ce qui nous rend malades », conclut le professeur Lowry.
En somme, cette étude souligne l’importance d’une alimentation équilibrée pour préserver à la fois notre microbiote intestinal et notre santé mentale.