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Depuis les travaux pionniers de Pauline Clance et Suzanne Imes en 1978, le concept du « syndrome » de l’imposteur a pris d’assaut le monde du travail, s’immisçant dans les discussions sur le leadership et le management. Selon une étude du Journal of Behavioral Science datant de 2011, près de 70 % des individus expérimentent ce phénomène à un moment donné de leur vie.
À l’origine, Clance et Imes ont mené des entretiens avec 150 femmes occupant des postes prestigieux dans divers secteurs. Étonnamment, ces femmes attribuaient leur réussite non pas à leurs compétences, unanimement reconnues par leurs pairs, mais plutôt à la chance ou à des facteurs externes. Elles confessaient ressentir une anxiété persistante quant à la possibilité d’être démasquées un jour, révélant ainsi une supposée incompétence.
Cependant, avec le recul d’un demi-siècle depuis ces premières recherches, il est impératif d’examiner de manière critique les fondements du « syndrome » de l’imposteur. Si le concept a gagné en popularité, il suscite également des interrogations quant à sa validité universelle.
Nombreux sont ceux qui avancent que l’expérience de ne pas se sentir légitime dans son rôle peut être attribuée à des éléments contextuels, tels que la culture organisationnelle, les normes sectorielles et les attentes individuelles. Il est crucial de reconnaître que le ressenti face à ce phénomène peut varier considérablement d’une personne à l’autre.
De plus, les implications du « syndrome » de l’imposteur sur le leadership et le management méritent d’être analysées de manière approfondie. Certains avancent que la prise de conscience de cette soi-disant incompétence peut être un moteur puissant pour l’amélioration personnelle. D’autres soutiennent que trop d’attention portée à ce phénomène peut créer une spirale négative, sapant la confiance en soi et entravant le développement professionnel.
Ainsi, au lieu de souscrire aveuglément à la notion généralisée du « syndrome » de l’imposteur, il est crucial d’adopter une perspective nuancée. Comprendre que le sentiment de légitimité peut être influencé par des facteurs multiples permet de mieux cerner la complexité de cette expérience.
Bien que le « syndrome » de l’imposteur ait acquis une notoriété considérable dans le domaine du management et du leadership, il est essentiel de questionner sa validité universelle. En déconstruisant cette croyance répandue, nous nous ouvrons à une compréhension plus approfondie des nuances entourant le sentiment de légitimité au travail.