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Dans les pays industrialisés, les maladies auto-immunes (MAI) affectent environ 5 % de la population, représentant ainsi la troisième cause de maladie après le cancer et les pathologies cardiovasculaires. Une particularité intrigante est que les femmes sont quatre fois plus susceptibles que les hommes de développer une MAI. Cette prévalence féminine soulève de nombreuses questions et suscite des recherches approfondies pour comprendre les mécanismes sous-jacents.
Les MAI sont des affections complexes caractérisées par une attaque du système immunitaire contre les propres cellules du corps. Elles comprennent diverses conditions telles que la thyroïdite d’Hashimoto, la maladie cœliaque, la polyarthrite rhumatoïde, le diabète de type 1, la sclérose en plaques et le lupus érythémateux, entre autres.
Les causes des MAI sont multifactorielles, impliquant des facteurs génétiques, épigénétiques et environnementaux. Bien que la génétique joue un rôle, les études montrent que la prédisposition aux MAI est influencée par un ensemble de gènes plutôt que par un gène spécifique. De plus, des facteurs environnementaux tels que les infections virales et l’exposition à certaines substances peuvent déclencher ou aggraver les MAI.
La prédominance féminine dans les MAI est bien établie, avec des ratios variant selon la condition. Par exemple, dans la thyroïdite d’Hashimoto, on observe jusqu’à 18 femmes pour 1 homme, tandis que dans le lupus érythémateux, le ratio est d’environ 9 femmes pour 1 homme. Cette disparité de genre n’est pas entièrement comprise, mais plusieurs hypothèses ont été avancées.
Premièrement, les hormones sexuelles féminines, en particulier les œstrogènes, peuvent moduler le système immunitaire, affectant la réponse inflammatoire et la production d’anticorps. Des études ont montré que les œstrogènes peuvent augmenter la susceptibilité aux MAI, tandis que la testostérone semble avoir un effet protecteur chez les hommes.
Deuxièmement, l’inactivation partielle du deuxième chromosome X chez les femmes peut entraîner une surexpression de certains gènes impliqués dans la réponse immunitaire. Cette inactivation incomplète pourrait favoriser le développement des MAI.
Troisièmement, des recherches récentes suggèrent que le complexe Xist, normalement impliqué dans l’inactivation du chromosome X, peut également jouer un rôle dans les MAI en tant qu’antigène potentiel.
Enfin, des études ont également examiné les différences dans le processus de tolérance thymique entre les hommes et les femmes, suggérant que les œstrogènes peuvent affecter ce processus après la puberté.
La prédisposition des femmes aux MAI est le résultat d’une combinaison complexe de facteurs hormonaux, génétiques et environnementaux. Comprendre ces mécanismes est crucial pour développer des approches thérapeutiques plus efficaces pour les personnes atteintes de MAI, en particulier les femmes.