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De Gaulle: "Madame ou Mademoiselle?" ..Gisèle Halimi: "Appelez-moi Maître."

  • De Gaulle: "Madame ou Mademoiselle?" ..Gisèle Halimi: "Appelez-moi Maître."

Nesrine Ben Khedija-
C’est avec une grande tristesse que nous avons appris le départ de cette grande Dame !
La fille de la Goulette n’est plus …
Avec à son actif des batailles énormes comme celle du droit à l’avortement , l’égalité des droits de la communauté LGBT, une proposition de loi abrogeant le délit d’homosexualité , Maître Halimi décédé à l’âge de 93ans .
Cette avocate surdouée, cette militante insoumise qui ne cessait de dire que sa dignité d’avocate ne saurait museler sa liberté de femme .
Défendant des militants FNL pendant la guerre d’Algérie mais encore Le procès de Bobigny!!
En 1972, une jeune fille de 16 ans, Marie-Claire, et sa mère qui l’a aidée à avorter, sont poursuivies en justice. Elles demandent à Gisèle Halimi de les défendre. Bien décidée à plaider, non seulement pour ces deux femmes, mais pour la libéralisation de l’avortement, Gisèle Halimi fait venir au procès à Bobigny de prestigieux témoins, dont le professeur de médecine Paul Milliez, fervent catholique, père de six enfants. Marie-Claire est relaxée, sa mère condamnée mais dispensée de peine. C’est une grande avancée vers la loi sur l’interruption volontaire de grossesse, qui, portée par Simone Veil après l’élection de Valéry Giscard d’Estaing, sera promulguée en janvier 1975.
« J’avais en moi une rage, une force sauvage, je voulais me sauver » disait elle et l’écriture était son échappatoire : une quinzaine de livres publiés entre 1988 et 2011.
Pour parler d’elle et comme le mentionne le journal le monde deux mots s’imposent d’emblée : battante, insoumise. Le 27 juillet 1927, dans le quartier de la Goulette, à Tunis, lorsque naît Zeiza Gisèle Elise Taïeb, personne ne fait la fête. Comme elle le raconte dans La Cause des femmes (Grasset, 1974), son père, Edouard, est si désolé d’avoir une fille qu’il met plusieurs semaines à avouer sa naissance à ses amis. Ce père qui n’aime pas les filles aimera pourtant passionnément « sa » fille. Tandis qu’entre Gisèle et sa mère les relations ont toujours été difficiles, comme on peut le lire tant dans Le Lait de l’oranger (Gallimard, 1988), émouvant récit autobiographique, que dans Fritna (Plon, 2000).
Mme Taïeb aurait sans doute voulu une fille plus docile. La jeune Gisèle résiste à tout, allant jusqu’à faire, à 10 ans, une grève de la faim pour appuyer son droit à la lecture. Elle défie les sentiments religieux de sa famille juive en refusant d’embrasser la mézouza avant d’aller en classe.
A 16 ans, elle refuse un mariage arrangé, obtient de faire ses études de droit en France, revient à Tunis et s’inscrit au barreau en 1949. La rebelle qu’elle a toujours été devient militante. D’abord pour l’indépendance de son pays dont, tout en étant française, elle n’a jamais abandonné la nationalité. Elle a toujours aimé la Tunisie, y est régulièrement retournée et, à Paris, elle aimait cuisiner, pour ses amis, des plats tunisiens.
En s’installant en France en 1956 et en épousant Paul Halimi, un administrateur civil, elle change de nom et donne naissance à deux fils. Elle divorce, tout en gardant ce nom par lequel elle s’est fait connaître, et épouse Claude Faux, qui fut le secrétaire de Jean-Paul Sartre. Elle a avec lui un troisième fils. Jamais de fille. C’est peut-être pour cela qu’elle aura, avec sa petite-fille, la relation passionnelle qu’elle analyse dans Histoire d’une passion (Plon, 2011), son dernier livre publié.
Cette Fille juive que le père de Kais Saïed protégeait des Nazis nous a quittés…
La Grande Gisèle Halimi n’est plus

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