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Jouir d’un viol… Est-ce possible???

  • Jouir d’un viol… Est-ce possible???

 

 

Par Nesrine Ben Khedija

Pourquoi maintenant…et pourquoi pas !!!!

Elle a passé des années à se l’avouer et j’ai passé 24 heures à vouloir vomir leur venin transmissible par les toiles et les réseaux de toutes les couleurs.

Lorsqu’on est enfant, le passage à la pré adolescence se fait généralement d’une façon brutale, qui se veut à la hauteur de la brutalité de la vraie vie. Un passage obligé certes, mais qui reste néanmoins difficile, détestable et méprisant.

Lorsqu’on est femme et de surcroît née dans les années qui précèdent de quelques décennies les années 90, l’adolescence, peu importe le milieu social dans lequel on a baigné, est en soi un fardeau.

Vivre la transition Enfant-Femme s’assume en solo.

Les étapes, les conséquences et surtout le silence nous sont imposés par une éducation sexuelle absente et une pudeur morose démesurée.

Nous sommes tenues pour responsables de nos rondeurs timides mais provocantes, de nos traits innocents mais féminins et de l’effet que nous avons parfois sur des mâles dont les hormones sont incontrôlables.

Enfant de douze ans dans ta tête, tu es femme à leurs yeux, dont la peau est très douce mais surtout facile à déchirer.

Quand on a douze ans, le silence est la seule arme pour ne pas s’attirer les ennuies.

On a souvent droit à des:

«Tu as grandi maintenant, retourne dans ton lit et éteint la lumière »

Suivis dans la même semaine par des :

«Tu n’es qu’une enfant, tu n’as pas encore l’âge.»

Pourtant on n’a presque jamais droit à des réponses à certaines questions:

Maman comment devient-on femme ??

Maman commet se fait-on violer ?

Papa pourquoi me regardent-ils différemment ??

Papa explique-moi comment ça fonctionne à douze ans ?

Des questions qui pourraient porter préjudice à l’image de l’enfant modèle…le silence c’est la solution.

Et cela dure longtemps, jusqu’au jour où, en rentrant de l’école sur un chemin vide et sombre, un raccourci emprunté pour arriver avant la tombée de la nuit de cet hiver froid…

Ce jour où, on se retrouve proie de l’harcèlement d’un adulte égaré sur ce même chemin.

Chut…Silence!!!Les adultes se reposent!!

A douze ans, on ne sait pas encore ce que cela veut dire des relations intimes, on n’a jamais entendu parler du consentement, on ne connait pas le viol et encore moins le sexe tout cru.

A douze ans, lorsqu’on a ses règles pour la première fois, on a peur!

Oui peur, parce qu’on s’imagine s’être chiée dessus.

On a peur d’avoir merdé, on a la trouille de le dire,  par honte, par crainte de la réaction des adultes.

On passe des années avec cette boule au ventre, et cette épine qui nous reste en travers de la gorge. On vieillit avec ce besoin de parler, de s’expliquer, avec ce besoin de demander pardon pour un crime que nous n’avons pas commis.

Avec le temps et les nouvelles formes acquises, les douze ans deviennent  porte d’un calvaire, jusqu’au  jour où on se fait violer.

Celà n’arrive pas à tous les coups, me diriez-vous et heureusement, cela ne m’était pas arrivé,pas encore en tous cas, mais qui sait…

Malheureusement,  nous ne sommes jamais à l’abri!

Par ces quelques mots, je tiens à remercier Selima Sfar pour son témoignage.

Cette générosité dont elle a fait preuve et ce partage pas du tout évident, seront la porte d’entrée pour une longue discussion mère fille.

Déjà que les premières pages sont les plus difficiles à écrire, quant à celles du milieu, on les couchent avec beaucoup de douleurs,  alors arrêtons d’entacher les quelques lignes qui viennent avec la maturité soulager les fissures du passé.

Apprenons à respecter la déchirure des autres et à saluer leur courage qui n’est autre qu’une façon d’éclairer notre chemin.

 

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