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Moncef El Gaied nous quitte : Un électron libre qui s’éteint !

  • Moncef El Gaied nous quitte :  Un électron libre qui s’éteint !

 
Par Dr  RejebHaji*
Moncef, la gloire sportive du CSS et l’illustre professeur,n’est  plus, au plus grand désespoir de tous ceux qui  l’avaient connu et fréquenté. C’est un militant du sport et du savoir,d’une trempe exceptionnelle. A sa disparition, son parcours de combattant à la fois sportif et universitaire défile sous mes yeux.
Il a consacré la majeure partie de sa vie à servir le pays là où le devoir l’appelait. Sélectionné dans l’équipe nationale de football, il a été parmi les grands des années soixante. Ses coéquipiers d’alors disaient de lui qu’il était un modèle du genre.
Sans oublier son CSS, le club de sa vie, auquel il voue fidélité et reconnaissance, où sous la coupe d’un entraîneur hors- pair- kristic- à qui il vouait de l’admiration et du respect, il a pu gravir tous les échelons qui mènent vers la notoriété. Maître dans le dribble, efficace dans la défense, imposant le jeu collectif, bref d’une culture footballistique d’une « génération dorée », devenue des fans des jeunes adultes. Cette jeunesse éduquée dans l’amour de la patrie,  du sens du devoir bien accompli, devenue pour un temps une idole de générations footballistiques qui a eu une influence positive sur le sport en général. Cette influence finira,prédisait Moncef, par s’estomper de nos jours. Les lobbys d’argent et de pouvoir ont fait leur apparition. Ils ont accaparé la scène médiatique et ont mené à la disparition de ce vivier des supporteurs de football, en baisse continue ces dernières années.
« Dans ma génération,celle des années soixante, on encourage d’une part l’équipe préféréemais on respecte d’autre partl’adversaire » m’affirmait-il. Moncef regrettait profondément, la situation actuelle du football, où les responsabilités deviennent diffuses et les débordements dans les stades coutumiers. Il a répondu, faut-il le rappeler, aux sollicitations des différents responsables du sport dans le pays et leur a endigué ses précieux conseils, sans ambages ni gants de velours. C’est ainsi qu’il concevait sa mission et c’est comme cela qu’il a tiré les leçons de sa culture universelle.
Outre sa passion du football, il ne ménageait aucun effort pour les études. Devenu professeur universitaire et chercheur reconnu par ses pairs en chimie, il fut nommé Directeur général de la Recherche Scientifique et de la Rénovation Technologique. Il assumait également la co-présidence du comité mixte franco-tunisien de l’IRMC (Institut de  recherche sur le Maghreb contemporain). Il n’aura connu que  la sensation du bonheur du devoir accompli. Ses qualités intrinsèques lui ont assuré son autonomie de décision. Respectable, affable malgré les vicissitudes de la vie, il a toujours voulu rendre service à son pays là où le besoin s’en est fait sentir. Il a été le témoin  de son temps et le bâtisseur  dans ses domaines de prédilection le sport et la recherche.
Plus que d’autres,  il a travaillé dans l’ombre et a subi les revers de ses amitiés et de son engagement. Il est connaisseur des rouages de l’Etat. Comme en football, il animait ses équipes de son talent reconnu et apprécié.  Il a gravi tous les échelons de la célébrité qu’elle soit intellectuelle ou footballistique. C’était un scientifique, à la fois fin pédagogue et rigoureux. Donnant l’exemple, il l’était comme joueur également,de la lignée des grands. Une curiosité à toute épreuve enchimie sa spécialité et un amour sans fond pour le football qu’il continuait à pratiquer. Il mettait son talent  au service du ministère. Professeur distingué, sous sa conduite éclairée, il était à l’écoute de ses étudiants, générations après générations. Il leur prodiguait ses conseils et leur indiquait le chemin à suivre, toujours avec la rigueur du scientifique averti.
Toujours avec son sérieux légendaire, sa froideur coutumière et ses propos narquois, il s’acquittait à merveille de ses responsabilités avec hauteur de vue et abnégation. Ceux qui l’ont connu se rappelleront sûrement de sa patience, de son honnêteté intellectuelle et de son ouverture d’esprit. Aux responsabilités, il se considérait toujours seul maître à bord au service de l’Etat et des étudiants.Il résistait à toute forme d’ingérence extérieure. Il a continué durant sa vie à prêcher la modernité dans ses paroles et à approfondir les analyses où il est le maître incontesté. Il connaissait à la perfection  les contradictions du politique et ses effets pervers.Lors de mes démêlés avec le dictateur et ses acolytes, il a été pour moi  d’un soutien moral inégalable.
La démocratie pour lui n’était pas un vœu pieux mais, avec le temps, une issue certaine. Ordonné dans sa vie, fidèle à l’amitié, il cultivait dès son enfance l’esprit de méthode et du travail bien fait. Homme de raison et d’action, avec sa douceur inégalable et son esprit inventif, il s’est chargé de la recherche domaine de sa prédilection et dont il était un parfait connaisseur.Sa longue carrière professionnelle en tant que professeur émérite, jalonnée de succès, s’est poursuivie jusqu’à sa mort avec une réputation nationale et internationale inégalée.
Il reste à souhaiter que son exemple, conjuguant en parfaite symbiose le sport et le savoir, sera suivi et adopté par les générations des futurs jeunes chercheurs. D’une très grande  culture, Moncef brillait dans les débats dans lesquels il participait, par sa finesse d’esprit, son humour inégalé et ses propos narquois. E
rudit, outre le football, la recherche scientifique  était son hobby. Il était de la lignée des grands esprits dont la curiosité est toujours en éveil. Ses qualités intrinsèques lui ont assuré sa liberté et son indépendance d’esprit. Il a marqué son temps par ses empruntes. Il a été heureux d’être témoin  de son vivant, de ce qu’il espérait que la Tunisie qu’il aimait, renaisse de ses cendres.
 
Comment exprimer toute notre tristesse, à Moncef, cet électron libre qui s’éteint. A son cortège funèbre peu de politiques ont défilé en comparaison avec leur présence dans un « mariage dit du siècle ? »Pourtant la Tunisie perd une grande figure sportive et scientifique, quelle ingratitude ! Comment imaginer sa joie, dont il était toujours avare, à la réalisation de ses vœux de défier ces politicards, en silence ? Les mots diront à peine notre souffrance. Ils ne consoleront jamais les siens qui devront être fiers de son parcours de combattant à la fois sportif et intellectuel, au service de son pays qui naît vers la modernité et le progrès qu’il a appelés de ses vœux. Moncef repose en paix ! Que tes amis, tes collègues et tous ceux à qui tu as dessiné un avenir flamboyant se souviennent de toi.
Que Dieu te bénisse, t’accorde Son infinie Miséricorde et t’accueille dans Son Eternel Paradis.
 
Un ami RejebHaji.
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