- société
Par Rejeb Haji
Il était, il était…Il n’est plus. Le désespoir de tous ceux qui l’avaient aimé, connu et côtoyé. Que de deuil et de souvenirs pour eux! Quant à moi un film à répétitions se déroule en continu à mes yeux.
Nourri dès son jeune âge dans un combat des lumières et éduqué dans le sens du devoir bien accompli, le respect de l’autre était son ingrédient. Transmis par son éducation familiale, servir autrui était son destin. L’exemple étant donné par ses parents. Il vibrait au moindre souffle politique et savait distinguer les fausses notes. Son amour de vivre n’avait d’égal que son vouloir de servir et d’être utile, là où le devoir devrait l’appeler.
Son souvenir restera dans le registre de ceux qu’il a aimés de son vivant. Déjà brillant élève, dès son jeune âge, il fut excellent à l’école polytechnique de Montréal, au Canada. Diplôme d’ingénieur en poche, et infatigable à la tâche, il rejoignit la STB, puis en détachement à la BDET, puis DGA à la marina de Hammamet puis le retour à la STB.
Il a brillé, dans ces différentes missions, par sa finesse d’esprit et son calme légendaire. Après avoir été mis sous l’éteignoir, à son retour à la STB, il préféra quitter le milieu et jubilait en silence, de son début de triomphe dans ses propres affaires. Ils’est toujours investi pleinement dans le travail qui lui a été proposé. Il animait ses équipes par son talent reconnu et apprécié. Ses collaborateurs attestent de sa franchise et de son exemplarité. Il mettait son talent au service de sa profession, avec son sérieux légendaire et sa froideur coutumière.
Il s’acquitta toujours de sa tâche avec responsabilité, hauteur de vue et abnégation. Ceux qui l’ont connu se rappelleront sûrement de sa patience et de son ouverture d’esprit. Il se considérait toujours seul maître à bord au service de son entreprise et il résistait à toute forme d’ingérence. Pourtant, il a souffert, à tous les stades, de l’engagement politique de son père. Il a toujours servi de cible aux détracteurs de tout genre.
Chef de cabinet de son père pendant des décades, il n’a jamais intervenu pour demander un service ou émettre un avis quelle que soit sa teneur. C’est cette rigueur que j’ai appréciée tout au long de mon parcours. Il connaissait les rouages de l’Etat à travers la riche et incomparable expérience de son père. Il a gravi, en son propre nom, tous les échelons de la célébrité qu’elle soit intellectuelle ou dans le milieu des affaires. Il était comme son père de la lignée des grands. Une curiosité à toute épreuve et un amour sans fond pour son métier.
Il a été astreint au silence, en opposant,à chaque fois, une résistance passive à la horde qui s’est emparée du pays et qui s’est emparé du pouvoir. Il connaissait à la perfection les contradictions du politique et ses effets pervers, mais il n’a jamais été pour la haine et la vengeance. Ordonné dans sa vie, fidèle à l’amitié, il cultivait, dès son enfance, l’esprit de méthode et du travail bien fait.
Jeune entrepreneur de raison et d’action, avec sa douceur inégalable et son esprit inventif, il s’est lancé dans le milieu des affaires. Ses qualités intrinsèques et sa mémoire vivante lui ont assuré son autonomie de décision. Respectable, affable malgré les vicissitudes de la vie, il a toujours voulu rendre service. Loin de la carrière politique suivie par son père, il a choisi un autre chemin. Il a préféré travailler dans l’ombre pourtant, il n’a pas été épargné par les revers de la politique. Il a toujours préféré le savoir que le pouvoir dont il est pourtant proche. Toujours présent au côté de sa mère, il veillait toujours aux destinées de sa famille. Son père, souffrant aujourd’hui, il était à ses côtés. Avec courage, il le voyait s’éteindre peu à peu. Chaque jour, je l’appelais pour me renseigner sur la santé de son père.
Comme à son habitude, affable et aimable, il me donnait les nouvelles et me fait espérer la guérison pour me réconforter. L’ayant averti d’une série d’articles, parue sur le Journal Essarih, il n’a pas hésité à me répondre sur mon mail « Merci infiniment Si Rejeb à tous ceux qui ont témoigné» en me priant par téléphone de transmettre ses remerciements à Salah El Hajja, le directeur du Journal. Lui ayant transmis un projet de réponse à un article paru sur Echourouk où l’on voulait ternir l’image de son père, il a applaudi à l’idée et m’a demandé de l’envoyer pour publication. Si besoin est, me confirme-t-il, il en serait le signataire.
Lui demandant son avis sur un article que j’ai réservé à sa mère, cette femme d’action dans l’ombre, dont le dévouement à sa famille touche à l’héroïsme. Sa patience et son soutien inlassable au côté de son mari malade, dans un état comateux depuis des mois, relève de l’exploit. Cet homme de talent reconnu et admiré, a été un acteur et un témoin de l’Histoire. Ta mère Lilia, est une vraie combattante. Pourchassée avec toute la famille et ses proches, mis à l’index, par les fomenteurs du complot médical, des années durant, elle a osé leur résister.
Ziad, tu as vécu avec ta famille des moments difficiles que nul autre n’est capable d’endurer. Sollicitant l’accord de sa mère pour un article à publier dans « femmes maghrébines »,ta réponse n’a pas tardé « Bonjour Si Rejeb. J’ai oublié de vous informer que ma mère est d’accord pour votre article de même que mes sœurs. Merci Si Rejeb pour tout ce que vous faites .Ziad »
Avec ta perte foudroyante, aujourd’hui, Dieu l’a voulu ainsi, que faire pour soutenir ta mère, encore plus dans son combat ? Je traquerais, quant à moi, ces politicards myopes et ingrats qui profitant de l’incapacité de ton père à leur répondre, donc de son silence, pour jeter le doute sur son œuvre colossale. Le retournement de veste de certains, au gré des gouvernants, ont fait école.
Ton fils, l’avocat génial, ta fille, l’étudiante modèle, leur mère et toute ta famille devront être fiers de ton parcours de combattant au service de tes engagements. Avec l’aide de Dieu et le soutien inconditionnel de ta mère, de tes sœurs, de tes enfants et de ta famille élargie, ton père gagnera sa dernière bataille, je l’espère !
La Tunisie a perdu en toi, en fait, un entrepreneur, nouvelle génération et une grande figure. Comment exprimer toute la tristesse de celles et de ceux qui t’ont connu et vu grandir ? Les mots diront à peine leur souffrance. Ils ne consoleront jamais les tiens qui devront être fiers de tes multiples facettes.
Zied, repose en paix! Que tes amis et tous ceux qui t’ont aimé se souviennent de toi. Que Dieu te bénisse, t’accorde Son infinie Miséricorde et t’accueille dans Son éternel Paradis.
« ان لله وان اليه راجعون » صدق الله العظيم.
Toute la famille Rejeb Haji.