- société
Par Souhir BUONOMO
Lire… voyager et vagabonder entre les lignes et à travers les pages, se perdre dans les mots et se retrouver dans les syllabes.
On caresse les feuilles, on sent le papier, on fait défiler les pages d’un mouvement habile de nos doigts, on dévore les lignes, on accélère la lecture ou on la ralentit, on suit le rythme que l’action du livre nous impose ou qu’on choisit soi-même.
Commencer un livre est comme pénétrer dans une maison qu’on ne connaît pas, entrouvrir la porte, et glisser la tête, avec un sentiment étrange, un mélange entre appréhension, excitation, et curiosité.
On découvre petit à petit les couleurs, les lumières, les odeurs, tout ce que l’auteur veut nous divulguer, et on laisse notre esprit le plaisir d’imaginer le reste, on se crée des images dans nos têtes, du visage des personnages, de leur façon de bouger, jusqu’à leur regard et leur façon de sourire ou de rire.
On s’attache à eux ou on les déteste, on les adule, on les admire ou on les maudit.
Ils nous rappellent quelqu’un qu’on connaît ou quelqu’un qu’on voudrait être.
On s’inspire de leur force, on admire leur intelligence et on compatit à leur douleur, on comprend leurspeurs, leurs hésitations et on souffre de leurs échecs.
Les personnages peuvent être aux antipodes de ce qu’on est ou des gens qu’on fréquente, et on se met tout à coup à voir comment ces personnes peuvent réfléchir, ce qu’elles ressentent et comment elles voient les choses. Et on comprend pourquoi ces personnes sont « ainsi faites», pourquoi elles sont si différentes, on ne les juge plus, on se sent plus proches d’elles, on n’est plus étranger à leur monde, on y est, on le connaît et on l’accepte mieux.On se fait amis avec les personnages, on les suit dans tout ce qu’ils font, dans tous ce qu’ils ressentent, on devient leurs confidents les plus intimes, ils nous chuchotent leurs secretset on est témoins de ce qu’ils font ou pensent.
Les descriptions, quelles soient d’un lever de soleil, d’un sourire, ou d’un coup de foudre, nous font tout voir différemment, quelle chance on a de pouvoir voir ce qui nous entoure avec les yeux de quelqu’un d’autre, et là on prend conscience qu’il existe mille et une façon de voir les choses, de les ressentir, de les apprécier ou de les détester, certaines images nous plongent dans nos souvenirs et font renaitre ce que l’on a enfoui dans un tiroir poussiéreux de notre mémoire et on y repensant, on se retrouve en train de sourire, ou emportés par un délicieux sentiment de mélancolie.
On ouvre le livre et on n’est plus seuls, on nous prend par la main et on nous fait rentrer dans un monde imaginaire où on voit tout et où personne ne nous voit, et il n’y a plus qu’à se laisser faire, à s’abandonner et à se laisser guider.