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Carpe diem

  • Carpe diem

 
Par Souhir Buonomo
Notre vie d’aujourd’hui nous met dans une telle routine infernale qu’on en oublie de savourer et d’être reconnaissant pour des petites choses qu’on prend pour acquises et dont on sous-estime l’importance dans nos vies
On a toujours tendance à se plaindre et à ne jamais être satisfaits, râler fait partie de nos activités préférées et est en train de devenir un sport national, on râle au boulot, on n’est pas contents à cause d’un supérieur pas très conciliant ou de conditions de travail qui ne sont pas optimales, on se dit malheureux, malchanceux ou pas gâté par la vie à cause de problèmes qu’on rencontre dans notre vie de tous les jours et sur lesquelles on focalise, toute notre énergie et nos pensées vont vers ces soucis au point où on oublis des choses essentielles.
Dans le cadre du festival de Jazz à Carthage dans son édition de 2016, j’ai pu assister au concert de Raul Midon, chanteur, auteur compositeur et guitariste américain un musicien hors pair dont les prouesses vocales n’ont d’égal que sa maîtrise d’instruments comme la guitare ou encore la harmonica.
Raul Midon et son frère jumeaux ont perdu la vue bébés, étant nés prématurément et  placés dans un incubateur sans aucune protection pour leurs yeux.
Ce soir là, emportée par la musique savoureuse de ce musicien talentueux, et notamment par une chanson qu’il a interprété et dans laquelle il parle de plonger, de conduire….un flot de questions m’a inondé la tête et j’ai commencé à penser à des choses qui ne m’ont jamais traversé l’esprit auparavant, ou alors de façons très superficielle. J’ai tout simplement commencé à penser à toutes les choses qu’une personne aveugle ne peut pas faire. Un aveugle ne connaît pas son propre visage, ni celui de ses parents, de ses amis, de la personne qu’il aime. Il ne connaît pas à quoi ressemblent les habits qu’il porte, il ne peut pas choisir sa coupe de cheveux et il doit faire confiance à une personne dont il ne connaît même pas les gouts pour choisir tout ça pour lui. Un aveugle ne pourra jamais savourer la beauté d’un coucher de soleil, la beauté d’un sourire, il ne pourra jamais voir l’émotion, le surprise, le joie, la tristesse dans le regard d’une personne ; il ne pourra jamais apprécier les éclats des couleurs de la nature, il ne saura jamais à quoi correspond un beau rouge vif ni à quoi ressemble le jaune flamboyant ou le bleu ……, toutes ces choses correspondent à des notions abstraites pour lui.
Voyager, comment un aveugle peut apprécier un voyage, de la vue qu’on admire quand l’avion décolle et qu’on voit la terre s’éloigner et les maisons devenir de plus en plus petites, jusqu’à la découverte des rues, des paysages et des personnes…que ressent un aveugle quand il visite un nouveau pays, arrive-t-il a ressentir une différence quelconque ou bien est-ce la même chose pour lui !
Je ne sais pas vous, mais moi je n’ai jamais pensé à toutes ces choses, et d’y penser me fait réaliser la chance qu’on a de pouvoir « voir », sans tomber dans les clichés du genre quelle chance on a de pouvoir voir, marcher et entendre.. !!!! ne sommes nous pas en train de dire tout le temps que la santé est la chose la plus importante et qu’on doit remercier le bon dieu chaque jour d’être en bonne santé et de pouvoir faire les choses simples de la vie ? tout ça, on se le dit mais dans notre vie courante on n’y pense pas, dès qu’on est pris par les choses de la vie, les petits problèmes du quotidien nous font oublier les choses essentielles qu’on fini par prendre pour acquises jusqu’au jour où on s’en retrouve privés, nous ou une personne proche de nous, et c’est seulement là qu’on se remet en question et qu’on se rend compte qu’on a mal classé nos priorités et qu’on passe plus de temps à courir à droite et à gauche plutôt de se s’occuper de nous même et de se délecter de chaque seconde que nous offre la vie parce qu’on ne sait jamais de quoi est fait demain.
Carpe diem !
 

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