Dr RejebHaji-
« Je crois que les idées justes exercent une influence, que le sérieux et la sincérité finissent par prévaloir. Ils mettent parfois du temps quand ils se heurtent à des montagnes de préjugés ; mais je ne suis pas de ceux qui désespèrent parce que le succès n’apparaît pas du jour au lendemain. » Habib Bourguiba
Interview à un journal français : Réalités
Il ne s’agit pas de faire un mea culpa de ses erreurs passées au pouvoir pour se faire oublier ses déboires et se faire comme on le dit « une nouvelle virginité ». Gouverner un pays pour le mettre à genoux est condamnable, en premier lieu par la justice. Les anciens responsables qui ont assumé la charge du pouvoir doivent rendre compte au peuple de ce qu’ils ont accompli durant leur mandat. Leur fuite en avant est illégitime.
A ces élections l’électeur lambda s’interroge à bon escient :
Qui a mené le pays au fiasco et à la déroute ?
Qui est responsable de la situation désastreuse de l’économie où tous les indicateurs sont au rouge ?
Qui a détruit une politique étrangère construite par le Président Bourguiba avec intelligence, panache et responsabilité ?
Pour leur laisser le champ libre, qui a fait l’amalgame, entre le PSD, parti de l’indépendance et le RCD, celui des comploteurs et des fuyards ?
Qui a autorisé des énergumènes exclus de leur propre pays à venir chez nous,après la révolution, semer la haine et la discorde ?
Qui a embrassé des extrémistes qui se targuent d’appartenir à la religion musulmane, en leur offrant des fleurs à Carthage ?
Qui parle de ces adolescents pris dans le pétrin révolutionnaire où des recruteurs à gage leur promettent monts et merveilles avec pour avance une poignée d’euros ou de dollars ?
Qui a envoyé ces victimes innocentes dans la gueule du loup, pour aller mourir au service d’une fausse cause dont ils ignorent les enjeux ?
Qui a envoyé nos jeunes illuminés par des prêches absurdes comme chair à canons dans des guerres qui ne concernent ni leur pays ni leur avenir ?
Qui a tué les révolutionnaires en herbe et quelle justice va châtier ces crimes crapuleux ?
Qui a été à l’origine d’une constitution qui s’avère dans la pratique du pouvoir inapplicable ?
Qui a vidé le Trésor du pays en octroyant des offrandes à ses adhérents ?
Qui a contrôlé les dépenses de ces institutions créées pour des besoins de la cause et dont l’Histoire nous révèlera un jour leurs tenants et leurs aboutissants ?
Qui a financé le terrorisme dans notre pays reconnu comme un havre de paix et de coexistence pacifique ?
Tous ceux-là doivent être exclus de notre vote citoyen?
Tout le monde nous parle tout le temps de réformes. Même ceux qui étaient au pouvoir et même ceux sortis de prison et qui, par des concours de circonstance, ont été portés à la tête de l’Etat. Ils ont profité de l’engouement du peuple d’avoir balayé des comploteurs sans foi ni loi.
Notre pays est devenu celui des extravagances où tout est transitoire, tout est calcul politique, tout est lutte pour le pouvoir, tout devient donc possible, même les rêveurs des chimères les plus patentés. Ceux qui veulent se présenter à la Présidence de la République! Certains se créent même leur propre histoire! Mentir, mentir, il en restera toujours quelques choses!
Chaque déclaration politicarde est soutenue par un objectif, toujours le même, celui d’attirer les médias et de donner à facebook, cet espace de choix du paraître, d’en parler en bien ou en mal. Peu importe, pour les tant mieux où « tout va très bien madame la marquise » et pour les tant pis où « tout va très mal madame la comtesse ». Le défaitisme bat son plein dans notre pays. De ce comportement des politiques irresponsables sont nées 960 listes, un nombre effarant de candidatures à l’ARP.
Que dire alors de la candidature à la Présidence ?
Il faut s’attendre à des candidatures des plus fantaisistes. Tout cela à la recherche d’une porte vers l’immunité, c’est le souci majeur de la déferlante de ces candidatures. Le code électoral confectionné sur mesure y a énormément aidé. Le pays ne va pas s’en sortir de sa crise suffocante qui perdure et qui va en s’accentuant. Le parapluie qui protège les corrompus s’est élargi avec ces nouvelles élections et les décisions courageuses se font attendre et ne seront pas prises de sitôt. Il faut pour convaincre, commencer par balayer devant sa porte et nettoyer le terrain pour espérer un retour de la confiance.
Quelles solutions proposent-ils alors que La Tunisie est dépendante de ses recettes tirées du tourisme et des investissements étrangers ?
La baisse de la fréquentation touristique,même avec une légère amélioration, couplée à la lenteur du cycle macroéconomique et au freinage de la dynamique des exportations du secteur offshore, constituent un signe révélateur de la faillite du pays. Un capitalisme de copinage lié aux privilèges, renforce au fil des années une économie parallèle déjà florissante au vu et au su de tous.Même le taux de croissance de 2% demeure modeste, le chômage structurel va donc s’accentuer et on ne pourrait plus le juguler.
Avec le nombre de jeunes nouveaux diplômés qui se présenteront sur le marché de l’emploi, le taux dépasserait les 30% des chercheurs d’emploi potentiels. Quant à la dette publique qui a atteint les 77% du PIB fin 2018, comment vont-ils la traiter ?
Elle va s’accroître encore, au de-là du tolérable. La dette extérieure demeure assez élevée. Elle dépassera les 60% du PIB alors qu’elle était de 43,8% en 2011, avant la crise. Qu’elles solutions vont-ils offrir aux prêteurs dont les exigences sont plusieurs fois affirmées et connues. Ils exigent la compression de la dépense publique, la maîtrise de la dette et la lutte contre l’inflation. Les nouveaux prétendants aux responsabilités sont-ils aptes à scruter le pays au quotidien pour agir avec discernement dans la résolution de ses difficultés ?
La question se pose et on peut espérer qu’ils le fassent. Tout le monde doit avoir à l’esprit qu’après les élections des années de galère nous attendent. On revient à une réalité amère : De toute évidence, l’endettement va s’envoler, le socle des prestations sociales se fissurer et la situation économique se dégrader. Le constat est amer et personne ne s’en réjouit. Sauf peut-être les parieurs sur les partis gagnants, ceux qui fructifient l’illusion et jouent l’amalgame, en prouvant qu’ils savent « faire de la belle, de la bonne besogne ! » Pendant quelques jours, des unités factices vont voir le jour, soit pour redorer le blason ou pourfaire oublier les échecs dans la conduite des affaires du pays.Les tunisiens ont leur sort entre les mains. En finir avec les parvenus au pouvoir et limiter leur stricte obédience ou les laisser nous entraîner dans leurs choix idéologiques peu crédibles où la religion sera l’épicentre des futurs choix économiques et sociaux. Le vote crédible est de choisir celui de la rationalité au pouvoir. Inutile d’accabler le modèle decroissance, nous l’avons traité dans notre essai « la révolution tout un programme… ».
Mais nos gouvernants n’ont fait qu’à leur guise. S’ils avaient suivi nos conseils le pays ne sera pas là où il est actuellement, en état de faillite.
En guise de conclusion, il faut espérer que les élections mettent fin à cette pagaille politicarde de prétendants qui nuit à l’avenir du pays. Il faut s’occuper de l’économie pour rendre la gouvernance plus crédible. Ouvrons les yeux, notre pays est au bord du gouffre. Un état d’urgence dans tous les domaines doit être décrété et à bon entendeur salut !
R.H
*Dr d’Etat en économie, Dr en statistique, Diplômé de l’Institut d’Administration des Entreprises de Paris, Diplômé de l’Institut de Défense Nationale (4ième promotion), chef de cabinet de Mohamed Sayah dans plusieurs ministères, chef de cabinet de la Ministre de la Santé, Chargé des études pour une année auprès de Mohamed Ennaceur Président de l’ARP…