Par Rim OUERGHI –
L’habit traditionnel est un élément constitutif de l’identité nationale qu’il importe de mettre en valeur et de promouvoir
La Tunisie, pays de traditions et de civilisations reconnues dispose d’un patrimoine culturel d’un fonds artistique artisanal riche et varié. Les empreintes laissées par nos ancêtres. Qu’il ait investi la cité, le village ou encore le milieu rural, le savoir-faire accumulé durant des siècles, ainsi que la maîtrise technique constituent une richesse et un potentiel mobilisables. Ces derniers n’ont malheureusement pas été valorisés ni exploités d’une manière optimale.
Ce n’est qu’en 1991 que la journée nationale de l’habit traditionnel a été instaurée, à ce sujet, l’ex président Zine El Abidine Ben Ali avait institué le 16 mars 1991, le port de l’habit traditionnel lors des cérémonies officielles et des fêtes nationales en vue d’ancrer les valeurs d’authenticité et d’appartenance civilisationnelle et historique de la Tunisie
La célébration de la Journée de l’habit traditionnel ainsi que celle du patrimoine constitue une manifestation qui nous touche profondément. C’est le Tunisien qui regarde se dérouler autour de lui les sources de sa tunisianité, de ses vrais origines, de sa méditerranéité, de son africanité. Autant de facteurs qui façonnent son esprit de tolérance, son sens de la rationalité, de la convivialité chatoyante et de la joie de vivre contagieuse.
Aujourd’hui, les Tunisiennes, surtout les jeunes, aiment de plus en plus le patrimoine tunisien et s’y identifient. En effet, à notre grand bonheur, nous remarquons une multitude d’actions citoyennes et associatives qui remettent au gout du jour notre patrimoine. Dans un contexte socio-politique en crise, le désir d’appartenance de revalorisation de notre identité, des actions sont menées et l’idée de mise en exergue de nos origines devient de plus en plus ancrée dans notre culture.
De fil en aiguille, ces initiatives ont réussi à cultiver chez les citoyens une certaine responsabilité envers son patrimoine. L’orientation des jeunes vers la création artisanale est de plus notoire. L’ancien est remis au gout du jour. Le «revisité» constitue aujourd’hui une nouvelle niche qui présente une partie de la solution pour l’employabilité. L’art qui rejoint la technologie et le commerce, constitue aujourd’hui un business model qui ne peut qu’être le choix de l’avenir.
Cependant, cette journée est une occasion aussi pour réfléchir sur certains dangers, qui planent sur le secteur.En effet, à notre grand regret, nous constatons que ce renouvellement avec nos racines, est devenu pour certains, une occasion rêvée pour assouvir leur mercantilisme.
Que ce soit dans les ventes en ligne ou dans les commerces classiques, nous voyons de plus en plus de produits inspirés de notre patrimoine vestimentaire mais d’une qualité médiocre ! Les tissus sont d’une qualité très quelconque. La qualité des matériaux très rudimentaire. Les couleurs trop prononcées.
Nous sommes bien loin de la vraie « triza », du vrai «hayek», les fils d’argent et d’or. Nous sommes à des années lumières des tissus nobles et du vrai travail artisanal. Nos souks à la Médina, la vitrine de notre pays, en regorgent. On n’y propose que des articles et des reliques où la médiocrité est le mot d’ordre.
Il est grand temps que les professionnels du métier et les fervents défenseurs du patrimoine tunisien s’unissent et mettre à l’abri le savoir-faire des aïeux, un si cher et si précieux héritage.
Le problème n’est plus en rapport avec notre conscience de l’importance que joue le patrimoine sur notre identité, mais plutôt comment protéger ce patrimoine de sa dilution dans la médiocrité et la banalisation.