« Le suicide des femmes est un enjeu majeur de santé publique, avec des conséquences socio-économiques, politiques et émotionnelles très importantes »
Une étude publiée le 11 septembre par la revue scientifique britannique « The Lancet » a annoné que plus d’une femme sur trois (37 %) qui se suicide dans le monde vit en Inde. Il s’agit majoritairement de femmes de moins de 35 ans, souvent mariées, dans des classes plutôt basses de la population. Elles vivent dans les Etats plutôt riches du pays, notamment dans le Sud, à la campagne comme en ville ».
Pour Kamala Marius, chercheuse associée à l’Université de Bordeaux Montaigne et à l’Institut français de Pondichéry, et auteure de l’ouvrage Les Inégalités de genre en Inde (Karthala, 2016), la modernisation du pays a provoqué une augmentation des suicides, notamment parmi les femmes de moins de 35 ans, majoritairement mariées. « Avec la montée du niveau de vie, il y a une ouverture plus grande au monde possible, et donc à la conscience de ce qu’on n’a pas en comparaison des autres », affirme-t-elle.
20 % des Indiennes sont mariées avant d’avoir 15 ans
Les situations conjugales décevantes jouent beaucoup dans les suicides. Aujourd’hui, 20 % des Indiennes sont mariées avant d’avoir 15 ans. Cela crée des situations d’isolement terribles, d’autant que la tradition veut que les femmes emménagent avec la belle-famille.
Prisonnières de leurs microcrédits
Il y a aussi le fléau de l’endettement, notamment à cause de la dot. Certaines jeunes femmes préfèrent se suicider plutôt que de faire subir à leur famille un harcèlement financier. A la campagne, beaucoup de femmes se sont aussi retrouvées prisonnières de leurs microcrédits développés dans les années 2000.
Les violences faites aux femmes
Les violences faites aux femmes, reste un phénomène très important en Inde. En 2012, l’affaire du viol collectif de New Delhi avait provoqué un vaste débat. Mais la question des violences conjugales, et notamment du viol conjugal, reste, elle, complètement minimisée.